La couveuse, une invention française.

A elle seule, la couveuse symbolise la prématurité. De nos jours, aucun bébé prématuré, peu importe son terme, ne pourrait s’en passer. Apparue à la fin du XIXe siècle, elle a révolutionné les soins néonataux. Mais savez-vous que la couveuse est une invention française ?

Petit à petit, l’oiseau fait son nid…

Comme c’est le cas pour beaucoup d’innovations, l’inspiration de la couveuse est pour le moins surprenante. Nous sommes en 1878, et à cette époque, la cause principale de mortalité chez les bébés prématurés était le ‘refroidissement’. Bien qu’emmaillotés et maintenus au chaud par des bouillottes, leurs chances de survie étaient très minces.

Un jour que le Docteur Etienne Stéphane Tarnier, chirurgien-accoucheur à la maternité de Port-Royal à Paris, se promenait au zoo du Jardin d’Acclimatation, il observe dans la ‘poulerie’ les incubateurs à poussins. Le principe étant de maintenir au chaud, dans un lieu clos, les œufs jusqu’à leur éclosion. Il décide alors d’appliquer cette méthode aux nouveaux-nés…Dans  les mois qui suivent, il fait construire les premiers incubateurs pour bébés, qu’il utilise dès 1880. Il ne s’agit à ce moment que d’une simple caisse en bois fermée, où l’air pénètre par un orifice après s’être réchauffé au contact d’un réservoir d’eau chaude. La température de cette dernière étant maintenue par une lampe à alcool placée au-dessous. Grâce à la couveuse de Dr  Tarnier, la mortalité des bébés prématurés commence à chuter, mais sa machine n’est pas tout à fait au point, car la température qui y règne varie suivant les cas entre 30° et 37°C.

Pierre Constatn Budin, étudiant de Tarnier, améliore rapidement l’invention. Il ajoute un thermostat, installe des plaques de verre pour permettre l’observation de l’enfant, et abandonne l’eau chaude en faveur d’un chauffage au gaz naturel. En 1893, le Dr Budin est nommé à la tête d’une unité spéciale pour les enfants prématurés à la Maternité de Port-Royal, le premier hôpital à offrir une prise en charge de la prématurité en France, et dans le Monde. Il devient ainsi le précurseur de la néonatalogie moderne.

D’autres médecins vont chercher à améliorer l’incubateur de Tarnier, et c’est Alexandre Lion, un ingénier et médecin niçois, qui brevète la première couveuse humaine en 1889. L’incubateur Lion est une petite merveille de technologie pour l’époque : il se présente comme une ‘armoire’ vitrée, équipée d’un système de chauffage à régulation automatique. Ce modèle s’exportera à travers toute l’Europe et jusqu’aux Etats-Unis, permettant le développement  de la néonatalogie.

Une bulle de protection…

Il faudra attendre 1950 pour voir apparaître les couveuses modernes, mais elles reprennent dans leurs principes, les idées des docteurs Tarnier, Budin et Lion.

Toujours appelé incubateur dans le milieu médical, leur fonction première reste de maintenir au chaud les nouveaux-nés qui de par leur immaturité n’arrivent pas à réguler leur température corporelle. Afin de recréer l’atmosphère utérin, l’hygrométrie de l’air dans la couveuse est également plus élevée qu’à l’extérieur. Enfin, sans être  complètement stérile, cette bulle vitrée isole le bébé prématuré des infections et bactéries le temps qu’il commence à développer ces propres défenses immunitaires.

Ce qui va changer à partir des années 50, c’est l’installation progressive autour de la couveuse d’appareils de surveillance médicale. Souvent équipées de tubulures reliées au bébé prématuré, ces écrans permettent de surveiller le rythme de son cœur, sa respiration, sa température…On trouve aussi d’autres équipements reliés à la couveuse qui permettent d’alimenter le bébé par sonde gastrique, ou de lui apporter une assistance respiratoire si nécessaire.

Depuis plus d’un siècle, cette innovation aura ainsi permis de sauver un nombre incalculable de bébés nés avant terme. Et si maintenant cette couveuse ressemble plus à une petite navette spatiale qu’à un incubateur à volatiles, il n’en reste pas moins que cette invention française est le résultat de l’éclosion d’un poussin…

Incursion dans le monde de la prématurité

Avec l’augmentation des naissances prématurées ces dernières années, on entend de plus en plus souvent parler de la prématurité dans les émissions télévisées, les magazines ou via notre entourage. Mais avant d’y être directement confrontée, la prématurité est quelque chose à laquelle on préfère ne pas penser…Et même préparée, quand cette naissance, bien qu’attendue, se produit un peu trop tôt, et que l’on est jeté dans le grand bain d’un service de néonatologie, on peut se sentir vite perdu par ses uses et coutumes…Voici donc quelques définitions à destination des jeunes parents et de leur entourage pour y voir un peu plus clair dans ce labyrinthe.

 

Tout d’abord qu’est ce qu’une naissance prématurée ? 

Une naissance est qualifiée de prématurée lorsqu’elle intervient entre la 24ème et la 37ème semaine d’aménorrhée.

 

Déjà perdu ? C’est normal. 

Dans un premier temps, il faut savoir que dans le milieu médical, on préfère parler d’une grossesse en semaines d’aménorrhée (SA) ; aménorrhée signifiant absence de règles. Les médecins et sages-femmes considèrent qu’il est plus fiable de se fier à la date des dernières règles pour calculer le terme d’une grossesse plutôt qu’à la date hypothétique de la conception. Dans un second temps, notons qu’une grossesse dure 39 semaines. Ainsi pour calculer ce fameux terme, les médecins partent du premier jour des dernières règles et y ajoute 41 semaines, c’est à dire les 14 jours entre les règles et l’ovulation, plus les 39 semaines effectives de grossesse.

Et ne soyez pas étonné, tant que le bébé demeurera en néonatalogie, le personnel hospitalier continuera à comptabiliser son âge en SA pour plus de précision.

Vous l’aurez donc compris un bébé est prématuré lorsqu’il né au minimum 4 semaines avant terme. Mais au sein de cette prématurité globale, il faut distinguer trois niveaux de prématurités en fonction de l’âge de naissance :

  • la prématurité moyenne, de 33 SA à 36 SA + 6 jours,
  • la grande prématurité, de 28 SA à 32 SA + 6 jours,
  • et la très grande prématurité, avant 28 SA.

Aujourd’hui, en France, c’est près de 65 000 bébés qui naissent prématurément chaque année, dont 10% sont des grands prématurés, et 5% de très grands prématurés.

Le principal problème posé par cette naissance avant terme, et commun à tous les prématurés, est l’immaturité de leurs organes, notamment le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel. Plus l’enfant naît tôt, plus ses organes seront immatures, et donc plus il aura besoin d’une prise en charge spécifique pour pallier à cette immaturité et en limiter les conséquences.

 

Où un bébé prématuré sera donc soigné ? 

En France, depuis 1998, les maternités sont classées par niveaux : 1, 2a, 2b, et 3. Il ne s’agit pas là de critères de qualités, mais du niveau de soins qu’elles apportent aux nouveaux-nés en fonction de leurs équipements.

  • Les maternités de type 1 disposent seulement d’une unité d’obstétrique. Elles sont habilitées à la prise en charge des grossesses normales.
  • Les maternités de type 2a possèdent, en plus d’une unité obstétrique, un service de néonatalogie. Elles permettent la prise en charge des grossesses à risques modérés et des nouveaux-nés nécessitant une surveillance particulière, mais pas de soins en réanimation. Elles peuvent donc accueillir les bébés nés à partir de 32 semaines d’aménorrhées (SA) avec un poids d’au moins 1 500 gr.
  • Les maternités de type 2b ont également une unité obstétrique, et un service de néonatalogie, mais enrichi d’une unité de soins intensifs néonatales, ce qui permet la prise en charge de nouveaux-nés entre 30 et 32 SA, pesant entre 1 000 et 1 500 gr, et n’ayant pas besoin d’être intubés.
  • Les maternités de type 3 sont quant à elles les plus équipées pour la prise en charge des grands et très grands prématurés. C’est elles qui suivent les grossesses à haut risque. Elles possèdent en plus des autres une unités de réanimation néonatale, ce qui leurs permet de s’occuper des nouveaux-nés présentant des détresses graves et n’ayant pas d’autonomie respiratoire.

Il faut savoir que les maternités travaillent en réseau. Il est donc possible de faire appel à une maternité de niveau supérieur si nécessaire. Le bébé pourra ainsi être rapidement transféré dans un service adapté à ses besoins.

 

La néonat, un monde à part…

Comme vous venez de le voir, les grands centres de néonatalogie sont subdivisés en unités. Et de l’unité de réanimation, aux soins intensifs, jusqu’à l’unité kangourou (dernière étape avant le retour à la maison), tout y est très protocolaire. N’y rentre pas qui veut ! Les parents ont bien sûr un accès illimité, mais doivent respecter certaines règlent ( lavage de mains, port de masques ou de blouses et de sur-chaussures…) légèrement différentes d’un service à l’autre. Les visites de la famille sont, quant à elles, limitées en temps et en nombres, soumises au consentement du médecin en fonction de la santé de l’enfant, et bien sûr astreintes aux mêmes règles d’hygiènes.

Les bébés prématurés sont très fragiles, et leurs organismes immatures très stressés par cet environnement extra-utérin trop agressif pour eux.Toutes ces règles sont donc établies avant tout pour préserver leur bien-être, et leurs permettre de se développer aussi sereinement que possible. Alors si vous allez leurs rendre visite, n’oubliez pas l’une des plus importantes :

CHUUUTT !!! Ils grandissent…